L'apprentissage

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En 1918, il entre à l' École Estienne. Deux places de graveur sont vacantes, l'une à l'atelier de gravure sur pierre, l'autre à la gravure sur bois. Samuel suggère à son fils de choisir plutôt la gravure sur bois. "Gravure sur pierre? Ce doit être pour les tombes, au cimetière, lui dit-il, tu travailleras dehors, mieux vaut l'autre". Et ainsi commence son apprentissage de la gravure sur bois.

Il a pour professeur Léon Jouenne, mais aussi Robert Bonfils et Mathurin Méheut. Il reçoit également les conseils d'Henri de Waroquier. Il progresse rapidement et la considération dont il fait l'objet grâce à son jeune talent lui permet, en 1920, d'être admis au Salon des Artistes Français. Il y expose une gravure sur bois en trois couleurs, intitulée "Portrait de mon père". Il a alors quinze ans...

Soulas dira plus tard "Je laboure le bois avec mon burin comme mon père labourait la terre avec sa charrue".

Sa participation à l'illustration du Gardien du Feu d'Anatole Le Braz, d'après des compositions de Mathurin Méheut, son professeur, qu'il réalise en 1923, marque le début de sa carrière. Il travaille ensuite, également d'après des compositions de Méheut, à une série de bois pour l'illustration de La Brière, roman dont la publication assure la consécration de son auteur, Alphonse de Chateaubriant, qui obtient le Grand Prix de l'Académie Française. En 1925, Soulas exécute encore, sur des dessins de Garin et conjointement avec un condisciple, Pierre Guillemat, une série de bois gravés pour La Chanson du Cidre, et enfin cette même année, il illustre d'après ses propres compositions Jacquou le Croquant d'Eugène Le Roy.

A l'occasion de son service militaire, en 1925, il fait la connaissance d'André Jacquemin, d'un an son aîné. Jacquemin, qui deviendra son ami et avec lequel il restera très lié, travaille le cuivre et pratique l'eau-forte. Il initie Louis-Joseph à cette nouvelle technique. Mais toute la préparation que demande l'eau forte - vernis, noir de fumée, acide nitrique - rebute sans doute quelque peu ce dernier, car, sans abandonner ni le bois, ni l'eau-forte, Soulas décide alors d'attaquer le cuivre au burin, comme il a appris à travailler le bois, pour garder le contact direct avec la matière. Cette décision déterminera la suite de sa carrière.

La difficulté de la technique du burin ne se limite pas à l'orientation du trait de la gravure, elle concerne aussi sa profondeur, l'une et l'autre variant évidemment selon l'effet souhaité au tirage, et dont l'artiste doit rester maître. "Il faut conduire le burin comme une mariée à la messe, disait Soulas, c'est un geste de tendresse et de sensibilité qui passe par le coeur".

Au fil des années, il deviendra ainsi l'un des meilleurs burinistes de son temps.